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Gadrouille pis sin beudet

Fable agreste et métaphorique où l’on démontrera* que la politique de suppression d’emploi menée à la DGFIP est irresponsable et suicidaire

Il était une fois un paysan matois qui se nommait Gadrouille.
Du matin jusqu’au soir, Gadrouille suait sang et eau sur son maigre lopin pour arracher à la terre de quoi se nourrir. Quand il réussissait à avoir quelques surplus, il devait marcher des heures d’un trajet long et pénible, pour aller les vendre à la foire du bourg voisin.
Et justement cette année là avait été exceptionnellement clémente et Gadrouille avait dix pleines razières de raves à vendre, mais il se lamentait :
« Comment que j’vas faire pour emm’ner mes raves à ch’ marché ! Je’n’ai d’trop, je n’ pourrai mie y arriver !Tout c’ travail pour rin ! »
Passe alors son voisin, riche fermier, qui en l’entendant gémir et geindre lui dit « Gadrouille mon ami je veux t’aider. Je te vois fort embarrassé et faute de moyen de transport tes récoltes vont pourrir, pour te rendre service, je veux bien te céder ce petit âne sur lequel tu me vois juché, tu pourras l’atteler à ton soc pour travailler ta terre et il transportera tes récoltes jusqu’au marché, en échange je te demande la moitié de ta récolte et de toutes celles qui viendront . 
 Topons là ! » dit Gadrouille qui pensait « Ça pour ène boènne affaire c’t’eune boènne affaire ! J’aurions tout perdu, y m’en reste l’ moitié et pis ch’tiot beudet que v’là ! » et Gadrouille tout content de se frotter les mains.

Gadrouille, on l’a dit, était rusé et sournois, il était aussi fort avaricieux. Et bien vite, l’euphorie retomba et il se dit « Pour sûr qu’min beudet l’est courageux et qu’y r’chigne pas au travail mais, vrai, y m’coûte tout d’ même la moitié d’ mes récoltes ! Sans compter c’qu’y mange, vrai qu’pour manger, y mange ch’beudet-là ! C’est décidé : j’m’en vas y diminuer sin picotin d’un quart, y n’y verra rin ! » Et effectivement en dépit de sa moindre ration le petit âne continua vaillamment son travail « Ça pour ène boènne idée c’éteut eune boènne idée !J’perdions d’largent à trop affourager min beudet ! » dit Gadrouille en se frottant les mains.
Mais, très rapidement Gadrouille recommença à lorgner avec dépit dans la mangeoire de son âne et au bout de quelques semaines, n’y tenant plus, il se dit : « C’est décidé : j’m’en vas y ’vas diminuer ’cor un tiot peu sin picotin ». Sitôt dit sitôt fait et le petit âne continua de trotter et de travailler « Ça pour ène boènne idée c’éteut eune boènne idée ! » dit Gadrouille en se frottant les mains.

Et les choses continuèrent ainsi, régulièrement Gadrouille était saisi d’un irrépressible accès d’avarice et diminuait la ration de son âne, la brave petite bête était de plus en plus maigre mais elle continuait de trotter et de travailler et Gadrouille se frottait les mains en se félicitant de son sens de l’économie.

Les mois passèrent et un matin tout le village fut réveillé par les cris et les pleurs de Gadrouille :
« Ah ! Malheur ! Pôv’ misérab’ que j’chus ! »
Gadrouille sanglotait et se tordait les mains de désespoir. Alerté par le bruit son voisin vint s’enquérir :
« Que t’arrive-t-il Gadrouille ? On t’entend te lamenter à des lieues à la ronde ! 
 C’est min beudet ! Min pôv’ beudet ! C’éteut éne boènne tiote bête, dure à l’ouvrage ! Pis vlà maint’nant qu’il est mort !
 Mort, Gadrouille ? Mais je te l’ai cédé l’année dernière et il était jeune et en pleine forme ! Comment est-ce possible ?
 Oui, je n’sais mie pourquoi, mais sûr qu’il est mort tout c’qui y’a d’mort ! Ah malheur de malheur !Juste au moment où j’avions réussi à y apprend’ à n’pus manger du tout ! »

Arrêtons d’être les baudets de la farce !!!

(*cette fable est une application de la théorie de la pédagogie illustrée par l’exemple, méthode unanimement reconnue par les plus éminents pédo-psychiatres et psycho-cliniciens et dont nous ne désespérons pas de voir les effets salvateurs lors des prochains CTL emplois)

Article publié le 21 septembre 2015.


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