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Déclaration liminaire au CTL du 14 février 2012

Après des décennies de déni, la Direction Générale des Finances Publiques sort enfin de l’ autisme et commence à reconnaître un « mal-être au travail » dans ses rangs. Il s’agit là d’un joyeux euphémisme car en fait de mal être il s’agit d’une souffrance telle qu’ici ou là au sein du ministère les agents, tous grades confondus, commencent à sauter par les fenêtres !
Ces dernières années notre administration a connu des bouleversements sans précédents, donnant lieu à des mutations historiques tant dans l’organisation du travail que dans les formes de « management ». Les réorganisations/fusions visant à intensifier la productivité ont modifié gravement le rapport au travail des salariés. Elles ont accru la division entre concepteurs et exécutants et remis en question les qualifications et règles de métiers. Elles ont délité les collectifs de travail et contribué ainsi à l’isolement des agents. Isolement aggravé par l’individualisation à outrance qui prévaut maintenant en toutes choses, notation, évolution des carrières, affectations et même rémunérations. Par le biais de ce système perverti le collègue n’est plus un soutien sur lequel on peut s’appuyer mais un concurrent dont il faut se méfier.
Ce contexte, en dégradant fortement les conditions de travail, est à l’origine de l’apparition, ces dernières années, d’une nouvelle forme de pénibilité du travail : la pénibilité mentale que l’administration préfère appeler « risques psychosociaux ».
Et s’il n’est pas contestable que la prévention de la pénibilité mentale, au même titre que celle de la pénibilité physique doit devenir une priorité effective, la CGT Finances s’inscrit résolument contre une individualisation des mesures à mettre en place, qu’il s’agisse de cellules d’écoute, de numéros verts, de formations à la gestion du stress. Ces dispositifs indiquent certes une reconnaissance implicite de l’Etat -Employeur mais ils intègrent la souffrance des agents comme donnée « normale » du travail et surtout comme une donnée individuelle, en rapport avec le « profil psychologique » de l’agent, son stress, sa fragilité propre, alors que c’est l’organisation même du travail au sein de la DGFIP et les modes internes de fonctionnement qui sont hautement pathogènes et déstructurants.
Le code du travail est très clair lorsqu’il souligne que l’employeur doit mettre en place « les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » (art L 230-2).

Bien qu’à maintes reprises nous nous soyons localement fait l’écho de toutes les difficultés rencontrées dans les services pour faire face aux missions dans un contexte marqué par les suppressions d’effectifs et par un mode de management qui ne prend en compte que les indicateurs imposés par l’administration centrale, nous n’avons jamais reçu de retour positif et nos alertes multiples et réitérées sont restées lettres mortes.
Lors du CTL de janvier, après que les agents soient venus eux-mêmes vous rendre compte de leur colère et de leur désarroi devant le nombre insupportable d’emplois supprimés en 2012, nous avons dénoncé fermement les politiques d’austérité, de rigueur et d’attaques systématiques contre l’emploi et les services publics. Le 2 février, avec plus d’un agent sur trois en grève dans le département, les personnels vous ont rappelé avec force leur opposition aux suppressions massives d’emploi et à des conditions d’exercice des missions toujours plus difficiles, à des conditions de vie au travail toujours plus dégradées. Sans réponse.
Nous recevons actuellement de nombreux appels de détresse d’ agents qui nous décrivent tout à la fois leurs difficultés à assurer les missions dans de bonnes conditions et les situations de plus en plus intolérables auxquelles ils doivent faire face dans les services (remises en cause du droits à congés ou autorisation d’absence, remise en cause des horaires variables, pressions diverses etc............)
Pour nous, les conditions de vie au travail sont indissolublement liées à ce contexte : le cadre dans lequel les missions sont réalisées se dégrade d’année en année en raison de l’inadéquation grandissante entre les effectifs réels et l’évolution des charges. Mais malgré tout, vous refusez de remettre en cause cette politique suicidaire de réduction de l’emploi public et vous continuez à bombarder les services à coup d’objectifs intenables.

Dès lors, nous ne pouvons qu’émettre des doutes sur la volonté aujourd’hui affichée par l’administration d’améliorer nos conditions de vie au travail.
Pourtant l’enjeu est trop important pour que nous refusions d’essayer. Nous n’avons aucune illusion mais nous disons « Chiche ! »
Chiche : on essaie d’ initier un mode de fonctionnement et des conditions de vie au travail répondant mieux aux besoins des agents, gage d’un travail plus satisfaisant, plus épanouissant et aussi plus efficace.
Chiche : on remet véritablement à plat les moyens et les charges (évolution dans le temps selon les services, transparence sur les effectifs réels)
Chiche : on replace les chefs de services dans leur vrai rôle c’est à dire facilitation, organisation et soutien technique au lieu du flicage par les tableaux de bord, on leur accorde de véritables marges de manœuvre au lieu d’un « Dialogue de gestion »vidé de sens.
Chiche : on redonne leur vraie valeur aux notions de travail collectif et d’ équipes solidaires au lieu de la fixation d’objectifs individuels, on réapprend la mutualisation au sein des services et entre les services au lieu de la mise en concurrence à tout crin.
Chiche : on laisse les acteurs « prévention santé » (médecin de prévention-à recruter pour ce qui concerne notre département-, assistants sociaux, CHS, Assistant de Prévention )jouer pleinement leur rôle sans être inféodés à la direction

Nous sommes persuadés que ça peut et que ça doit marcher. Il suffit pour cela que vous le vouliez et que ce plan de prévention des risques psychosociaux ne soit pas une énième initiative d’affichage (cf les péripéties du DOS et, antérieurement, les défuntes « Chartes de l’encadrement » ou les « Cercles de qualité » de l’ère Rocard !).
Pour éviter de vivre aux Finances Publiques les heures noires de France Télécom, les agents, les cadres intermédiaires, les représentants des personnels attendent la fin de l’ère du mépris et l’avènement d’un « véritable dialogue »
Est ce que vous voulez vous doter d’un réel outil de diagnostic qui servira à redresser le cap et, dans ce cas, la question demeure « quels sont les moyens que vous entendez mettre sur la table pour résoudre les problèmes repérés, et quelle latitude sera laissée à des initiatives locales ? ». ou s ’agit-il d’un simple gadget de plus (comme l’ont été les « plans de prévention » de France Télécom il y a 10-12 ans qui n’ont rien empêché !), tout juste bon à vous servir de parapluie en cas de catastrophe future : « Oh ! Ben mince, alors !Pourtant, nous avions tout fait pour l’éviter. Ce n’est donc pas notre faute ! »

La balle est dans votre camp !

Article publié le 14 février 2012.


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