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Les peuples peuvent imposer une autre Europe porteuse de progrès social

Union Générale des Fédérations de Fonctionnaires CGT
Les peuples peuvent imposer une autre
Europe porteuse de progrès social
Fin 2010, ce sont plus de 23 millions de chômeurs qui sont officiellement recensés dans l’Union Européenne.
Selon le bilan publié le 8 février par Eurostat, l’Union à 27 compte 115 millions de personnes (23% de la
population) menacées d’exclusion sociale. 16,3% de la population européenne et 27% des enfants de moins de
18 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté. 8,6% des actifs sont des travailleurs pauvres.
Il s’agit là des conséquences directes du recul de 10 points de la part des salaires dans le PIB de l’Union
européenne.
Ces constats accablant prouvent que le système
économique institutionnalisé par les Traités de
Maastricht et Lisbonne mène à la catastrophe sociale.
Construit sur les dogmes de la concurrence libre et
non faussée et de l’Euro fort, pour garantir au monde
des affaires et de la finance des taux de profit
obscènes, le type de société voulu par les néo libéraux
provoque des ravages dans tous les pays européens.
Alors que la nocivité de ce système pour les peuples
devient chaque jour de plus en plus criante, les
dirigeants européens, sous l’impulsion du tandem
Merkel-Sarkozy, poursuivent leur fuite en avant. Pour
eux, la crise constitue une opportunité pour imposer
des « réformes » que la société aurait refusées en
d’autres temps. Au motif d’un sauvetage de la
monnaie européenne, un plan d’austérité et de
régression sociale sans précédent frappe toutes les
populations de l’Union européenne. En application du
pacte Europlus signé en mars 2011, les
gouvernements de chaque Etat membre doivent geler
ou faire reculer les salaires du secteur public comme
du privé, supprimer des dizaines de milliers d’emplois
de fonctionnaires, revoir à la baisse la protection
sociale et le droit du travail, reculer l’âge du départ à
la retraite, abandonner des missions d’intérêt général
et privatiser des services publics.
Le « pacte de compétitivité », qui devrait être adopté
par le conseil européen du 1er mars prochain, vise à
inscrire ces mesures d’austérité dans le marbre des
traités européens. En dehors de tout processus
démocratique, c’est une société au service des intérêts
des puissants et des possédants que l’on veut imposer
à tous les peuples européens.
Comme l’a dit la Secrétaire Générale de la
Confédération Européenne des Syndicats (CES) :
« trop, c’est trop ». Chacun voit que les luttes
sociales sans précédent qui se produisent partout en
Europe ne suffisent pas pour faire entendre raison à
ceux qui nous gouvernent. Pour la première fois, la
CES appelle à une mobilisation le 29 février dans tous
les pays européens pour dire non à cette nouvelle
aggravation de la Constitution européenne.
C’est en coordonnant leurs
forces que les salariés de
toute l’Europe imposeront
d’autres choix
Le modèle allemand,
un exemple à ne pas suivre
Qu’en est-il vraiment ?
Depuis le milieu des années 90, pour faire face à la réunification tout en respectant l’orthodoxie budgétaire,
tous les gouvernements qui se sont succédés en Allemagne ont mené une politique de régression sociale :
diminution en 15 ans de 4,2 points du salaire moyen, réduction drastique des droits sociaux notamment ceux
des chômeurs, report à 67 ans de l’âge de départ à la retraite, dérèglementation du droit du travail,
privatisation des services publics et de santé, baisse de la fiscalité des entreprises dont le taux d’imposition
est passé de 45% en 1998 à 15% en 2008, compensée par une hausse de 3% de la TVA …
Le coût du travail
Selon Eurostat (organisme dépendant de la
Commission Européenne) en 2010, le coût
salarial horaire (salaire et protection sociale)
français est toujours inférieur (33,16 €) à celui
de l’Allemagne (34,18 €). D’ailleurs, le patronat
allemand délocalise ses usines en France,
comme le reconnaît le PDG d’une usine
Mercedes installé en Moselle : « les ouvriers
français nous reviennent entre 15 et 20% moins
cher que les ouvriers allemands ».
Le coût du travail est de 25,34 € de l’heure en
Italie, 21,70 € en Espagne, 16,6 € en Grèce et
10,3 € au Portugal, pays qui présentent des taux
de chômage record et des situations
économiques catastrophiques.
De même, en Allemagne, si le coût salarial
horaire atteint 40 euros dans les régions
industrialisées de l’ouest, il n’est que de 20 €
dans les länder de l’ex RDA, là où le chômage
dépasse les 25%. Ce ne sont donc pas les
salaires et la protection sociale trop élevés qui
expliquent le manque de compétitivité de
l’économie française.
Le temps de travail
En 2010, selon Eurostat, le temps de travail
effectif moyen des salariés était de 35,2 h par
semaine en France pour 34,5 en Allemagne,
33,6 au Danemark, 33,3 en Norvège et 30,3 au
Pays Bas.
A l’autre bout de l’échelle européenne, la durée
hebdomadaire effective était de 41,2 en
Roumanie, 40,2 en Bulgarie, 34,3 en Pologne,
38,6 en Grèce, 38,4 au Portugal ou 36,4 en
Espagne.
Bref, on constate là encore que, contrairement
au discours dominant, ce ne sont pas les pays
où le temps de travail est le plus élevé qui se
portent le mieux du point de vue économique.
Et pour mettre fin à la rengaine de « c’est la
faute aux 35 heures » on notera que si, grâce à
cette mesure, le temps de travail effectif a été
ramené en France de 37,3 h en 1999 à 35,2 en
2010, dans le même temps les salariés
allemands voyaient leur temps de travail passer
de 36,7 à 34,5. Outre Rhin, cette réduction du
temps de travail moyen a été réalisée par la
multiplication du temps partiel imposé, ce qui a
entraîné une explosion du nombre de salariés
précaires.
70 %
69 %
68 %
67 %
66 %
65 %
64 %
63 %
62 %
Un Dumping fiscal et social aux conséquences désastreuses
France
Allemagne
Zone Euro
Les grands groupes économiques se livrent à une concurrence effrénée au sein même de l’Union européenne.
90% des échanges sont effectués entre les pays européens et 70% des exportations de l’Allemagne, moteur de sa
croissance, sont à destination d’autres pays de l’Union européenne. C’est dans ce cadre que les gouvernements
allemands ont engagé il y a dix ans une politique de baisse de la dépense publique et de régression des droits
sociaux dans l’objectif de conquérir de nouvelles parts de marché. Le bilan de ces orientations est connu : le
salaire moyen a reculé outre Rhin de 4,2% en cinq ans tandis que, dans le même temps, la part du travail dans le
PIB allemand reculait de 5 points. Les dépenses publiques ont été diminuées de façon drastique pour respecter
« la règle d’or ». L’Allemagne consacre aujourd’hui 5882 € par an et par habitant pour ses services publics
(6290€ en France) et 7247€ pour ses services sociaux et de santé (5405€). Il faut désormais travailler 45 ans pour
bénéficier d’une retraite à taux plein mais la multiplication des « mini-jobs » ne permet pas d’obtenir
suffisamment de points pour y parvenir ce qui place les retraités dans la misère. Le taux officiel de pauvreté est
passé de 10% de la population en 2000 à 15,5% en 2010 (12,3 en France) et l’espérance de vie des travailleurs
pauvres a reculé de deux ans.
Aujourd’hui, c’est au nom de cette même compétitivité que les dirigeants voudraient faire entre la France et tous
les peuples européens dans la même spirale régressive.
Graphique : Part des
salaires dans la valeur
ajoutée (en %)
La productivité
Selon les mêmes statistiques
européennes, chaque salarié (public et
privé) français produit en moyenne
74 100 € de richesse chaque année. Cette
productivité est de 64 200 € en Italie,
62 500 € en Allemagne, 59 200 € en
Angleterre, et 57 900 € en Espagne,
14 300 € en Roumanie.
Ainsi, et contrairement au discours
culpabilisateur de Nicolas Sarkozy, la
France est, avec les pays scandinaves,
parmi les pays d’Europe où la richesse
produite par chacune des personnes qui a
un emploi, est la plus élevée. Au niveau
mondial, la productivité des salariés
français est même supérieure à celle des
travailleurs japonais (68 000 € annuels)
dont on nous dit qu’ils se tuent au travail
pour le bonheur de leurs employeurs.
L’Emploi
En 2010, en Allemagne, 46,2% des 15-24 ans et 76,2% des 25-64
ans disposaient d’un travail. En France, pour les mêmes tranches
d’âge, les chiffres étaient respectivement de 30,3% et 71,5%.
L’Allemagne semble donc incontestablement faire mieux en matière
d’emploi surtout pour les jeunes.
Mais ces données statistiques masquent des réalités moins
reluisantes. Contrairement à une idée reçue, la France a créé deux
fois plus d’emplois que l’Allemagne ces dix dernières années.
Le faible taux de chômage chez nos voisins résulte d’abord d’un
effet démographique car la part des jeunes entrant sur le marché du
travail ne cesse de reculer (- 0,5% entre 2008 et 2011) alors qu’elle
progresse de façon continue en France (+ 1,7%) du fait du
dynamisme de la natalité.
D’ autre part, en Allemagne, le recul du départ à l’âge de la retraite
imposé il y a 10 ans oblige aujourd’hui 56,2 % des 55-64 ans à
rester au travail tandis qu’en France, seuls 30,3% des salariés sont
encore au travail après 55 ans. L’Allemagne compte 4,8 millions de
salariés payés entre 400 et 800 € mensuels et 134 000 personnes
travaillent pour 1 € de l’heure. Cette hyper précarisation s’effectue
en outre surtout au détriment des femmes qui en moyenne travaillent
9 h de moins par semaine que les hommes.
Une autre Europe est possible
A rebours des thèses libérales, la CGT affirme
que, dans le monde du XXIème siècle, seuls le
développement économique de tous les pays et
l’émancipation du plus grand nombre peuvent
apporter à tous le progrès social. Avec la
Confédération Européenne des Syndicats (CES),
la CGT considère que les choix faits pour
l’Europe sont dangereux et inacceptables. Elle
exige un changement fondamental de cap pour
l’Union européenne.
Dans cet objectif, la CGT milite pour :
 le rejet du plan d’Austérité Européen dit
« Pacte de compétitivité » et, à l’inverse des
mesures incitant les revalorisations salariales,
l’amélioration de la protection sociale et le
développement de l’emploi notamment dans le
secteur public pour un autre partage des
richesses et une relance par la consommation et
le développement durable ;
 une refonte des Traités européens pour assurer
la primauté du droit social sur celui du Marché et
soustraire les services publics des règles de la
concurrence ;
 un renforcement des compétences du
Parlement européen, seule institution élue
directement par tous les citoyens, et la mise sous
tutelle de la Commission européenne, instance
qui échappe largement au contrôle économique ;
 pour mettre un frein au dumping social, un
droit du travail européen amélioré notamment en
ce qui concerne la limitation des contrats
précaires, la sécurité et la santé au travail, la
généralisation du principe du salaire minimum et
l’abaissement de la durée légale européenne du
travail ;
 une politique active de soutien aux services
publics avec la mise en place de services publics
communautaires pour les missions ou activités
en réseau de dimension européenne ;
 une remise en cause de l’indépendance de la
banque centrale européenne qui, placée sous le
contrôle d’institutions politiques émanant du
vote des citoyens, doit être remise au service du
développement économique et social et non de la
finance ;
 une harmonisation de la fiscalité des sociétés et
du capital avec l’instauration d’un taux européen
minimum pour contrecarrer le dumping fiscal
pratiqué par les entreprises ;
 la suppression des paradis fiscaux européens ;
 la mise en place d’une taxation sur les
transactions financières pour financer la relance ;
 un plan de relance économique européen
permettant une croissance durable, grâce à des
investissements publics notamment dans les
domaines de l’éducation, la formation et la
recherche, l’innovation dans les nouvelles
technologies et l’efficacité énergétique.
Le 29 février, par la mobilisation
en France et en Europe,
Agissons à tous les niveaux pour
imposer d’autres choix

Article publié le 29 février 2012.


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