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La r’traite des vieux

 

« Les vieux il faudrait les tuer dès la naissance » disait Boris Vian. Eh, ben, c’est vrai ! Passsssse que les vieux y coûtent cher ! ! Beaucoup trop cher ! C’est tout de leur faute aux vieux ! C’est passssse qu’y vivent trop vieux ! Alors forcement, à cause d’eux nos gouvernants se trouvent dans l’obligatoire obligation de réformer encore un coup le régime des retraites. Et faudrait pas croire qu’ils font ça de gaieté de cœur, nos gouvernants ! Au contraire ça leur z’y cause bien du chagrin à leur conscience de gauche ! Mais comment l’ éviter avec tous ces vieux qu’arrêtent pas d’être plus vieux que les vieux d’avant qui eux-mêmes, déjà, n’étaient pas tout jeunes ? ! ? Sont chiants les vieux ! ! !

Cette énième réforme des retraites………..Car rappelons-le, la première du genre dite « réforme Balladur » date de 1993 (allongement de la durée de cotisation à 40 annuité pour les salariés du privé)…………comme toutes celles qui l’ont précédée depuis vingt ans s’appuie sur deux grands axes de la pensée contemporaine : la philosophie en mouvement du Professeur Shadocko qui nous a révélé que « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes » et la sociologie pratique selon Alphonse Allais qui nous apprend que « Il faut prendre l’argent là où il est, c’est à dire chez les pauvres. Bien sur les pauvres n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a tellement de pauvres ! ! »

Et tout porte à penser que cette énième réforme des retraites, comme toutes celles qui l’ont précédée depuis vingt ans ne réglera rien. Pour la simple raison qu’elle n’a pas pour vocation de régler quoique ce soit (à part peut-être, les comptes du patronat avec la classe ouvrière). Cette énième réforme comme de toutes celles qui l’ont précédée a deux objectifs.
Le premier est de diminuer de façon drastique le montant des pensions et retraites. En effet on sait qu’en moyenne un salarié du privé cesse son activité entre 57 et 58 ans ( et cette cessation n’est en général pas de son fait ! !) et donc par simple effet de calcul, 42 annuités demandées, il ne peut plus prétendre à une retraite à taux plein sauf bien sur si il avait commencé à travailler à 15 ans mais, pour le moment, le travail des enfants est encore illégal ! !
Le deuxième est d’entériner l’individualisation du financement de la retraite avec entre autres, la mise en place du Plan d’épargne pour la retraite populaire (PERP) nouveau produit de capitalisation individuel promettant une rente viagère mais surtout nouvelle source d’alimentation en argent frais pour les marchés financiers ! !

Et voilà le travail ! Emballez-moi tout ça de pimpantes statistiques démographiques et mettez-moi un joli ruban autour, c’est pour offrir !…… Pour offrir au Medef et aux Marchés Financiers, bien sur !!

Parce que, les pistes pour une réforme juste et pérenne des systèmes de retraites ne manquent pas, encore faut-il avoir le courage de les explorer.

D’abord il est évident que la capacité à financer correctement le système de protection sociale est plus étroitement liée à la situation économique qu’à l’évolution démographique ! Entre 1981 et 2011 l’espérance de vie a augmenté d’un peu moins de 8 ans- soit une augmentation d’un peu plus de 10%- (à noter qu’elle a baissé en 2012 et que compte tenu et de la précarisation d’une partie toujours plus grande de la population, des réformes catastrophiques de notre système de santé mais aussi du recul de l’âge de départ en retraite, cette tendance risque fort de se confirmer). Dans le même temps, le nombre de demandeurs d’emplois est passé de 2 à plus de 5 millions soit une augmentation de 150%.

Plus d’emplois et plus de salaires ,c’est aussi plus de cotisations pour la protection sociale et les retraites ! Il est urgent d’œuvrer pour le retour au plein emploi et de revaloriser les salaires plutôt que les dividendes des actionnaires.

La valeur ajoutée produite par les entreprises est pour une partie consacrée aux salaires et pour l’autre aux profits . La CGT propose que le taux des cotisations « employeurs » soit majoré pour les entreprises qui réalisent les plus gros profits.

Actuellement le système d’exonérations des cotisations encourage les employeurs à payer les salaires les plus bas possibles (plus les salaires sont proches du Smic moins ils paient de cotisations sociales) il faut inverser cette tendance. Même analyse pour l’écart honteux des rémunérations homme/femme que tout le monde fustige mais que personne ne combat .

Aujourd’hui les entreprises engrangent environ 250 milliards d’euros en rémunération de leurs placements ( il s’agit essentiellement de dividendes), il ne semble pas outrancier d’envisager une mise à contribution de ces revenus financiers.

Et qu’on ne vienne pas nous prêcher qu’il faut ménager les patrons parce que ce sont eux qui donnent du travail. C’est faux. Les patrons ne donnent rien, et surtout pas du travail ! Ils achètent le travail des salariés quand ils en ont besoin pour satisfaire la demande de leurs clients et qu’ils ne peuvent pas y faire face par l’intérim , la sous-traitance ou l’automatisation de la production. Ils achètent, ils ne donnent pas. Et la preuve en est que dès que la demande diminue ils se dépêchent de se débarrasser du travailleur devenu encombrant. C’est donc la demande qui crée l’emploi, pas le patron. C’est donc la demande qu’il faut favoriser et cela passe inéluctablement par une revalorisation conséquente des salaires.

Nous devrons bien à un moment ou à un autre nous poser la question de la société que nous voulons et de celle que nous allons laisser aux générations à venir

C’est la Révolution qui en 1791 a posé le principe d’une « dette sociale » envers les vieillards, c’est le Conseil de la Résistance qui en Octobre 1945 a créé la branche « vieillesse veuvage » de la Sécurité Sociale et c’est le deuxième gouvernement Mauroy qui par une ordonnance de mars 1982, a abaissé l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour 37,5 années de cotisations .

Après deux siècles d’avancées et de dynamique de progrès social, peut-on vraiment accepter, sur 20 ans, de revenir au système de « la retraite pour les morts » ?

PRIVE-PUBLIC,TOUS EN GREVE ET DANS LA RUE LE 10 SEPTEMBRE

Article publié le 29 août 2013.


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